Le dénouement d’une pièce de théâtre est-il toujours lié logiquement au dénouement des rapports de force ou peut-il représenter une surprise ?

DansDon Juande Molière, etPhèdrede Racine, les dénouements sont liés logiquement aux rapports de force ou viennent surprendre le public. L’œuvre de Racine est écrite en accord avec les règle des trois unités, alors que Molière créer une pièce baroque qui provoque le royaume de Louis XIV. Le dénouement dans la pièce de Molière est le moment où la statue invite Don Juan(Acte V, Scène 6), et dans Phèdreest celui où l’héroïne avoue à Thésée qu’Hippolyte n’est pas coupable de crimes incestueux (Acte V, Scènes 7). Ces deux moments font avancer l’histoire jusqu'à leur chute respective. En premier lieu, les deux pièces arrivent à leur dénouement de manière plus ou moins liéeau développement des rapports de force. Cela est illustré dans Don Juanoù Sganarelle suit son maître à travers toutes ses horreurs. En l’accompagnant si loyalement dans ses aventures avec Don Elvire, par exemple, Sganarelle aide Don Juan à se sentir supérieur au restant du monde et à devoir donc affronterDieu dans le dénouement. Eonone vit la même expérience en restant auxcôtésde sa maîtresse après avoir découvert qu’elle est amoureuse de son fils (Acte I, Scène 3). Dans les deux, les spectateurs savent que malgré les efforts des personnages secondaires, les personnages principaux vont devoir faire face à leurs châtiments. Dans Phèdreil s’agit de devoir avouer à Thésée qu’Hippolyte est innocent dans le vers : « Il faut à votre fils rendre son innocence. / Il n’était point coupable. »  (vers 33), et dans Don Juan ce sera de manger avec le spectre. Les rapports de force sont donc des facteur clés pour le dénouement, puisque les personnages secondaires, à cause de leur infériorité sociale, sont obligés de subir les conséquences des actions de leurs maîtres. Eonone meurt immédiatement après le dénouement et Sganarelle voit sa vie se détruire devant lui une fois que Don Juan est mort. Par contre, l’utilisation des rapports de force sont relativement différents d’une pièce à l’autre. Dans Don Juan, par exemple, le public voit Sganarelle essayer dedonner des conseils à Don Juan au fil de la pièce. A cause du fait qu’il s’exprime mal et n’arrive pas à arriver à de bonnessolutions -ce qui donne l’élément comique du récit - la pièce arrive au dénouement en Acte V, Scène 4. C’est surtout en raison de l’incapacité de Sganarelle que Don Juan est obligé d’affronter la statue. Dans Phèdre,cela est complétement différent. Les spectateurs observent une servante, Eonone, complétement dévouée à sa maîtresse. En mentant à Thésée en Acte IV, Scène 3, elle retarde la mort de Phèdre. Par contre, cela lui coutera la vie, et cela donnera place au dénouement de l’énigme, où Phèdre est obligée d’affronter son mari. La plus grande différence est donc que Eonone interfère beaucoup plus que Sganarelle pour arriver au dénouement. Elle essaye de surpasser son simple rôle de femme de chambre, alors que Sganarelle reste conforme au stéréotype d’un valais dans la plupart des scènes. D’un autre côté l’élément de surprise est aussi utilisé par Molière et Racine. Tous deux, s’opposent aux conventions théâtrales de leur siècle. En incorporant un dénouement en deus ex machina, Molière brise les règles de la bienséance et la vraisemblance. Cela est très fortement lié au style baroque de la pièce, qui est surprenant et choquant en soi. Racine utilise la surprise d’une manière similaire, en montrant une femme avouer à son mari qu’elle aime son fils. Le fait qu’une femme ait la capacité de se rebeller contre son propre mari en ces temps-làest surprenant, et n’est pas en accord avec la religion, qui était d’une importance centrale au XVe siècle. Les deux piècesvont contre les règles du théâtre de leur époquedans leurs dénouements, créant un effet de surprise.Cependant, les deux écrivains utilisent la surprise de façon assez différente pour arriver au dénouement. Don Juanjoue plus avec le concept de deus ex machine, et l’idée qu’il ne puisse être battu par aucun mortel. Le fait qu’aucune de ses « victimes » n’ait pu l’arrêter est surprenant, et cela se confirme dans le dénouement, quand un spectre est la seule alternative possible. En revanche, le dénouement dans Phèdren’est pas très surprenant. Même si le public est surpris que Phèdre arrive à avouer ses crimes à Thésée, celle-ci annonce qu’elle va mourir dès son arrivéesur scène. Les spectateurs s’attendent à la voir mouriret à devoir faire face aux conséquences de son amour incestueux à cause des règles de la tragédie grecque. La surprise est donc beaucoup plus utilisée par Molière.En somme, Molière avec Don Juanet Racine avec Phèdre utilisent, tous deux, les rapports de force et la surprise pour arriver au dénouement. Les auteurs ne l’utilisent par contre pas de manière identique. Les rapports de force son plus conséquent dans Phèdreà cause du pouvoir d’Eonone, comparé à la naïveté de Sganarelle, alors que la surprise prend un rôle plus important dans Don Juanà cause de la présence du deus ex machina.